Au lycée d'Albi, le 30 juillet 1903, s'adressant à la jeunesse, Jaurès disait

" Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille; c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense. Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. "

samedi 21 mars 2009

Quelle politique pour la culture ? (1)

Atelier GeT «la Culture dans un projet de Gauche » 1° réunion, le 10 juillet 2008 au Libanimes

Quelle politique pour la culture? Les limites de la démocratisation culturelle.
Intervenants: Catherine Bernié-Boissard, (CBB), enseignante-chercheure à l'Université de Nîmes (UMR MTE Montpellier III) et Jean-Claude Wallach, (JCW) consultant dans le domaine des politiques publiques, de l'art et de la culture, chargé de cours à l'Université Paris 1.
La Droite détricote l'idée même d'un politique culturelle publique !
A Nîmes, le 20 mai 2008, la Ville refuse son soutien à Quartier Libre, association du Mas de Mingue, co-organisatrice avec le théâtre de Clermont l'Hérault du festival du Mas (6°édition) qui est annulé. L'élu à la politique de la Ville affirme qu'il veut aider que des structures gardoises (!) et botte en touche publiquement en disant «une animation culturelle entre-t-elle dans la cadre de la politique de la Ville? Ne serait-ce pas plutôt à mon collègue de la culture d'intervenir?» lequel, évidemment, reste muet.
Une semaine plus tard, dans Midi Libre, le directeur de CultureEspaces société privée gèrant par la volonté du Maire de Nîmes le patrimoine romain, déclare vouloir organiser « un grand festival de l'antiquité »!
En responsabilité depuis 2001, la droite nîmoise a liquidé l'idée même d'une politique culturelle publique: le Théâtre, absorbant 90% des subventions culturelles, est la rampe de lancement des mises en scènes Deschamps-Makeiev; le patrimoine romain est géré par une société de mise en scène et d'animation de monuments historiques (86% du capital au groupe Suez) pour faire « gagner de l'argent à la Villle. La culture est, ici, considérée au mieux comme un produit d'appel pour un tourisme consumériste!
La démocratisation de la culture en question
CBB : l'animation culturelle se nourrit de mixité et pourtant à Nîmes les quartiers populaires ne sont pas traités comme le reste de la Ville; depuis 1980, avec la décentralisation, la collectivité a en charge un patrimoine unique en France, difficile à gérer et n'a pas su diversifier suffisamment son approche des champs culturels.
JCW : Nous sommes engagés dans un profond mouvement d'individualisation de la culture en rupture avec les 30 glorieuses liées à l'ascenseur social (ex: musiques, sons, images peuvent être produits sans apprentissage, avec un investissement modeste). Pour Malraux, il suffisait de mettre « en présence » le public avec les oeuvres pour qu'il s'en imprègne; aujourd'hui, il faut choisir des manifestations qui fassent vibrer ensemble des individus différents en se donnant l'exigence artistique pour « entrer en conversation » avec une population et un territoire; d'où la nécessité d'un travail de fond préalable auprès de la population.

De nombreuses questions sont soulevées au cours du débat avec la salle, parmi lesquelles:
- Quelle est la pertinence d'ouvrir à Nîmes une SMAC en 2011?
- L'aide des pouvoirs publics aux créateurs: Quelles orientations budgétaires pour mixer les publics?
- La marchandisation des biens publics: jusqu'où aller (le Pont du Gard)?
- L'action culturelle produit du lien social: quelles limites?

CBB: la municipalité Fournier a fermé le Rakan et la SMAC n'est portée par aucune dynamique. La difficulté pour les élus vis à vis des politiques culturelles est de devoir gérer ce qui existe ET d'innover. Aujourd'hui les demandes sont + complexes, + changeantes, dans une société de la connaissance, la culture est partout. Associer les citoyens pour plus de démocratie; redéfinir les biens publics.
JCW: la musique doit faire l'objet d'une réflexion globale: pourquoi "séparer" les musiques dans la ville, (SMAC et Ecole de Musique), les pratiques amateurs et pratiques professionnelles?
Aujourd'hui les collectivités territoriales qui prennent la place de l'Etat pour l'éducation artistique, financent aussi le risque artistique: faire une distinction entre une politique de l'Art et une politique de la culture et organiser leur dialogue.
L'Art est précisemment un moyen de fabriquer du lien social à partir de ce qui divise; en ce sens, il faut reconstruire dans la Cité des espaces de conflictualité pour vivifier la Démocratie.

1 commentaire:

  1. "Je ne connais qu'une culture, celle de la pomme de terre..."
    Hector Rolland, député-maire de Moulins.

    RépondreSupprimer