Au lycée d'Albi, le 30 juillet 1903, s'adressant à la jeunesse, Jaurès disait

" Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille; c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense. Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. "

jeudi 19 mars 2009

Vers une société librement surveillée et démocratiquement totalitaire?

Le 28 mai 2008, la 1° réunion de La GeT avait pour thème
Fichiers, rétention de sûreté...vers une société librement surveillée et démocratiquement totalitaire?
Ce choix était symbolique, face à la frénésie sécuritaire que le gouvernement actuel, soutenu par la Municipalité UMP de Nîmes, impose à la France et donc aux nîmois-e-s!
Les intervenants invités sont syndiqués au Syndicat de la Magistrature (SM) et du Syndicat des Avocats de France (SAF), à Nîmes.
Voici les principaux éléments soulevés au cours d'un débat dense.

Depuis 2002, l'inflation des sanctions entraine une inflation de la population carcérale. Le conseil de l'UE dénonce la France sur l'état des prisons. Comme on exploite systématiquement les émotions et les peurs, un fait divers "produit" une loi.
La surenchère pénale est d'inspiration libérale
On tente de faire croire que comme l'agent économique supposé rationnel, le délinquant "étudierait" le code pénal avant de commettre un délit pour "mesurer" les risques qu'il accepterait de prendre ! On assiste au retour de l'idée du déterminisme génétique (XIX°siècle, cf.Lombroso) selon laquelle il est vain de vouloir réinsérer "le criminel né" ; on reprend la notion développée aux USA puis en Angleterre de la tolérance zéro; la politique du chiffre sur le modèle de la gouvernance d'entreprise.
Définir une politique pénale de gauche n'est pas simple!
Commencer par ne pas faire ce que fait la droite! tous les textes sont pris dans l'urgence; les députés n'ont pas le temps de s'interroger sur ce que sont les libertés publiques. Les lois sont votées dans l'émotion (4 lois majeures en 4 ans); l'insécurité 0 n'existe pas. Les textes doivent suivre les principes fondamentaux (non rétroactivité, punir des actes délictueux prouvés, individualisation des peines) et respecter les engagements européens de la France.
Garder une logique, un équilibre acceptable; le procès pénal est "la chose" du délinquant, il ne répare pas la victime. Une politique pénale doit être digne avec les délinquants: les experts sont mal payés; faute de moyens, il n'y a pas d'insertion possible des détenus qui ont purgé leur peine.
La frénésie sécuritaire (lois, fichiers, vidéo surveillance...) actuelle se fait sans aucune évaluation : il n'y a pas d'observatoire des effets des lois pénales mais s'il y a beaucoup d'effets d'annonce mais il y a peu de moyens pour mettre en oeuvre un suivi judiciaire.
Questions et interventions des participants
sur le rôle de la télévision, sur l'évolution de la société. On note que les élus tombent dans le populisme; que la pédagogie des chiffres manque; la gauche doit éduquer les citoyens; dans ce but, la télévision pourrait être utile. Le pouvoir politique qui favorise la dérégulation économique, prend le contrôle du corps social; on peut parler de totalitarisme démocratique; le triomphe des thèses du FN, l'instrumentalisation de l'immigration, l'inflation des lois sécuritaires mettent TOUS les citoyens en insécurité: quand on croit que l'homme peut évoluer, il faut privilégier l'éducation, la prévention, refuser la prison pour les enfants.
La frénésie sécuritaire touche Nîmes !
Sur la commune, il y a un (grand) CRA où on enferme des hommes, des femmes, des enfants qui n'ont commis aucun délit dans le but de satisfaire la "politique du chiffre" (de reconduite à la frontière) au mépris de l'humain et de la raison, un centre éducatif fermé, la vidéo surveillance, l'augmentation du budget de la police municipale ...d'où la demande aux élus de l'opposition présents: une évaluation du poids de cette politique dans le budget municipal.

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