Au lycée d'Albi, le 30 juillet 1903, s'adressant à la jeunesse, Jaurès disait

" Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille; c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense. Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. "

lundi 29 mars 2010

Abstention, quand tu nous tiens !

La Région Languedoc Roussillon s'est singularisée durant la campagne des élections régionales qui vient de s'achever: pendant plusieurs semaines, elle a été comme plongée dans une attraction de fêtes foraines que sont les miroirs déformants: le traitement médiatique a déformé voire empêcher le débat aussi bien sur le bilan de l'équipe sortante que sur les projets proposés aux électeurs. Dans un contexte d'où la rationalité a été éjectée, on a trop souvent confondu politique et star système.

Après coup, une question se pose: cette Région, où l'émiettement du champ politique est si prononcé qu'il y avait des listes dissidentes dans toutes les familles politiques, a-t-elle eu un comportement électoral spécifique ?

Sur certains aspects, la réponse est "Non" !

Comme dans le reste de la France, l'abstention y a été forte, particulièrement dans les quartiers populaires et la droite sanctionnée; comme dans plusieurs régions, le FN réapparait, au-dessus de son score des régionales 2004.

A Nîmes et dans l'agglo, l'abstention apparait comme la "grande gagnante" de ces élections; et même si elle diminue au 2° tour, (3,6% de plus de votants à Nîmes), elle atteint un sommet dans le 6° canton nîmois avec près de 63% . Celles et ceux qui se sentent oubliés ne vont pas voter !

Jean-Marie Marconnot (Midi Libre 17/03/2010) donne une clé de lecture: à Nîmes où les femmes sont majoritaires (53% de la population), "leur vote est décisif. Si leur pouvoir d'achat baisse, elles le ressentent directement" et il ajoute "Nîmes est une ville qui s'appauvrit...La Droite fait de grands travaux mais oublie de gérer la ville, les logements sociaux, s'enlise dans les affaire juridiques et la gauche se déchire".
Ajoutons qu'à Nîmes, la campagne des régionales a été zappée par la droite qui a démarré les cantonales avec ... un an d'avance !

Résultat de cette atonie de la droite: l'électorat d'extrême droite qui avait voté N.Sarkozy en 2007, a repris son autonomie; à noter une fois encore la porosité entre l'UMP et le FN .

Le retour du FN s'est fait en 2 étapes: le 1° tour lui a permis de passer la barre des 10% et le 2° tour a amplifié ce mouvement; il faut remarquer que
  • les sondages n'avaient rien signalé de ce mouvement; le sondage Ifop pour Midi Libre, paru le 18 mars, minimisait le vote FN dans la Région, le plaçant à 14% alors qu'il a atteint 19,38%; au delà de la marge d'incertitude du sondage.
  • et alors qu'en général le FN voit ses scores se tasser entre le 1° et le 2° tour, à Nîmes, il prend pratiquement 7 points entre les 2 tours alors qu'il y a 3,6 % de votants supplémentaires; c'est dire que le FN a réussi à mobiliser son électorat entre les 2 tours mais aussi que le vote FN est apparu, au 2° tour, comme le vote utile pour contester "au mieux" la politique de N. Sarkozy.
Autre similitude, apparente celle-là, avec le reste de la France: le Languedoc Roussillon a, comme beaucoup de régions de France, réélu le président sortant... Et pourtant, cela s'est fait ici, en contestant les partis politiques, faisant apparaître des dissensions fortes entre volontés locales et appareils politiques nationaux.

En France, aujourd'hui, particulièrement dans la perspective de la réforme des collectivités territoriales telle qu'elle est voulue par N.Sarkozy, la question se pose de savoir quel est le type d'organisation politique le plus pertinent pour le 21° siècle. Plusieurs réponses sont possibles, associant de façon différente plusieurs formations ou partis politiques (rassemblements fédération, front unique...) et qui , selon qu'on est à droite ou à gauche, ne sont pas forcément les mêmes.

Mais, la réponse qui se passe de tout corps intermédiaire entre un homme providentiel et le peuple, est un schéma populiste, qui a pour particularité de s'accommoder de n'importe quelle idéologie puisqu'il s'agit avant tout de faire avancer la "vision" et les intérêts d'un seul individu.

Sur quel chemin se trouve l'actuel président de la Région quand, mettant en oeuvre une idée de son prédécesseur marqué par sa connivence avec l'extrême droite, il invite tous les élus du Conseil Régional, sans considération d'appartenance, divers gauche, UMP et FN, à faire partie de la commission permanente ?






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