Au lycée d'Albi, le 30 juillet 1903, s'adressant à la jeunesse, Jaurès disait

" Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille; c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense. Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. "

dimanche 11 octobre 2009

Faire de la politique ou vivre de la politique?

Dans le numéro d'Octobre du Monde Diplomatique, un article de Rémi Lefèbvre qui vaut le détour; un prolongement de l'échange que nous avons eu avec lui lors du débat de La GeT de mars dernier, intitulé "La démocratie est une chose trop sérieuse pour être abandonnée aux professionnels de la politique!"

Rémi Lefèbvre décrit la façon dont, dans les partis politiques de gauche repliés sur le pouvoir local, "la lutte des places tend à se substituer à la lutte des classes"; ce qui a pour effet de couper les partis politiques de ceux qu'ils sont censés représenter et il souligne comment le niveau local, "pensé comme relevant essentiellement de la gestion", contribue à dépolitiser la vie politique.

Quand il s'agit de faire un programme, nous dit-il, les candidats tombent dans le piège de" la proximité" et "l'apolitisme tient souvent lieu de projet à des élus qui cherchent avant tout à conforter leur implantation et répugnent à un marquage partisan trop net de leur action".

Pour résumer, "l'espace politique est un champ autonome, de plus en plus replié sur ses jeux et enjeux propres, imperméables à de nouveaux entrants".

Le diagnostic de Rémi Lefèbvre est juste: les appareils des partis politiques sont des systèmes qui en se reproduisant s'éloignent des préoccupations des citoyens; à chaque élection, l'abstention est le signe du malaise installé dans la démocratie et pourtant comme on s'empresse de ne retenir que les suffrages exprimés on gomme les symptômes du malaise grandissant.

Et au delà du diagnostic, quels remèdes?

Il en est d'institutionnels qu'on connaît et qu'il faudrait bien sûr mettre en oeuvre: le non cumul des mandats, des fonctions, (en nombre et dans le temps), le statut de l'élu qui devrait favoriser le retour des élus à leur vie professionnelle, des pratiques de démocratie participative pour éclairer les citoyens et leur donner les clefs de la décision ...

Mais cela est-il suffisant pour remonter la pente et reconstruire un lien vivant entre les citoyens et la politique? Quel antidote à la démocratie d'opinion et au story telling (on nous raconte tellement d'histoires!) à la désinformation qui font avorter l'idée même de vrais débats dans la Cité?

Pouvons-nous éviter le questionnement sur l'engagement politique?
Menacés par la précarité, les citoyens qui se vivent comme des agrégats d'individus n'espèrent plus; et quand le pouvoir manipule toutes les peurs (terrorisme, maladie, immigration...) en même temps qu'il retire les filets de la solidarité, il devient urgent de redonner du sens au combat collectif!




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